30 sept. 2012

Je mets les pieds dans le plat du libéralisme détaxé... pour une fois.



Je ne sais pas bien pourquoi, mais il y a quelque chose que je n'aime pas, c'est l'idée que pour faire de l'innovation, il n'y a qu'une seule solution : la défiscalisation.

Ce n'est pas que je sois contre par principe. On peut très bien imaginer que pour des raisons d'intérêt général, la nation considère qu'il soit utile de favoriser tel ou tel dispositif. Par exemple des éoliennes pour compenser l'achat de pétrole, soutenir tel ou tel produit dans sa phase de démarrage, apporter une aide ici ou là, mais l'idée que plus rien de nouveau ne puisse se passer sans le petit avantage fiscal, ça me déprime.

On voit bien le problème. Il y aurait d'un coté le bas peuple, le business à l'ancienne, le mec normal, et là paf, tu passes à la casserole de l'inspecteur des impôts. Et de l'autre, l'avant garde, l'élite techno, le cercle des petits malins, et pour eux, la route à grande vitesse ou l'on peut doubler sans souci, le grand accélérateur de croissance, le paquet cadeau garanti.

Je vais vous le dire tout net, je n'y crois pas. Ce qui me choque, c'est le coté automatique du dispositif. C'est innovant, donc chic, donc dérogatoire. On fera des statistiques après pour voir si c'est vrai.

Et ceci pour deux raisons : d'une part, pour celui qui finance, style le pharmacien de province qui se fait appeler le 18 décembre par son banquier qui lui sussure au téléphone : "Au fait vous avez pensé à vos impots de l'année prochaine ?" Et qui lui refile le premier produit maison qui lui passe sous la main, c'est à dire n'importe quoi. Vous vous imaginez que le pharmacien de Tulle en Corrèze va se lancer dans la lecture de Techcrunch pour miser sur la startup qui va bien ?

Et également au niveau de l'équipe qui bosse sur le projet. Il y a des centaines de paramètres à prendre en compte pour mener une entreprise au succès, mais très franchement, je n'ai encore jamais vu la défiscalisation produire de la bonne ligne de code ou de l'user experience !

Je ne crois pas du tout que l'espérance de défiscalisation soit un critère de selection de bons projets, de motivation des équipes et de succès. Ca me rappelle un peu toutes les mesures qui avaient été mises en place dans ce pays pour le soutien à l'emploi et qui s'étaient soldées par des chiffres du chomage parmi les plus élevés du monde.

Je crois tout au contraire que le "yoyo" de la défiscalisation conduit à produire des business models délirants, à mettre en oeuvre des solutions qui ne verront jamais le jour, à entretenir un petit monde de l'entre soi, décalé des réalités économiques, centré sur lui même et quelques sensibilités pseudo libérés, in the cloud.

Vous me direz "D'accord, tu as raison, on le sait déjà, mais comment entretenir la flamme d'une jeunesse désabusée, motiver les mecs à bosser tous les weekends, réveiller l'âme de l'entrepreneur dans le petit fonctionnaire qui sommeille en chacun de nous ?"

Ca, c'est une bonne histoire, mais c'est une autre histoire...

Atchao, bonsoir.

9 sept. 2012

Dieu, l'argent et Bernard Arnault

J'ai été surpris de trouver dans le clapotement médiatique de la recherche de belgitude par Bernard Arnault que certains y trouvent leur miel et soutiennent mordicus que cela a du sens. Non par solidarité de classe ou de patrimoine, non pour des raisons de principe ou d'intérêt, mais parce qu'ils y trouvaient une logique politique de fond. Partir maintenant, quitter, s'expatrier, devenaient une issue à la crise, une posture, une déclaration au monde, un signe, un destin. Mais par dessus tout, cela devenait un acte de foi parmi nos amis qui se nomment libéraux.

Bof, bof, bof. Pour moi, ça se limite à l'idée de quitter le bateau avant le naufrage avec les bijoux de famille. Rien de plus. Un comportement assez banal quand on en a les moyens et la philosophie.

Très personnellement, tu as du fric, tu te casses, adieu et merci. Je ne vois pas le mal. Par contre, les actifs économiques, les réseaux, les flux commerciaux, l'emploi, il faut y réfléchir à deux fois. Cela impacte la vie des gens, comme dirait l'autre. Ce n'est pas neutre.

Donc, je vagabondais dans ma tête à tourner le pour et le contre et soudainement, sans prévenir, il m'est venu l'idée que le monde des affaires et de l'argent suscitait des déclarations pour le moins passionnées, à l'emporte pièce, fondamentales, alors que finalement, c'est juste de la comptabilité un peu maline, rien de plus.

Finalement, le petit Bernard quand il a monté ses holdings à étagères dans les années 80, lui permettant de prendre le contrôle avec un faible investissement, en faisant rentrer à tous les étages des amis banquiers pour amplifier la donne, le petit Bernard, alors qu'il démarchait les vieilles familles françaises dénaturées, pour les inciter à s'agglomérer dans une capitalisation verticale du luxe, le petit Bernard n'a fait que de la tuyauterie financière, en tournant les robinets pour transférer peu à peu les flux dans son porte monnaie. Finalement.

De la bidouille. Du "do it yourself", comme ils disent maintenant, les i-grecs.

Donc, ça me turlupinait du chef, cette histoire de pognon qui excite les foules et motive les focussés  du costard Excel et du parfum de chez Fauchon. La grosse thune, l'éclate, le flouze, l'immersion totale dans le chicos, l'orgasme du carnet de chèque, la symbolique brillante de la tocante à cinq milles.

Donc.

C'est vrai, ça les rend dingues, le fric. Et pour d'autres, c'est la manche quotidienne pour de quoi manger.

Et dieu dans tout ça ?

Ben voilà, le déclencheur, bien sur, c'est la phrase inscrite sur les billets de dollars américains. "IN GOD WE TRUST". Je te le dis tout net, je ne vois pas le rapport. Mais alors, pourquoi donc ?

Il m'est donc venu à l'idée que ni l'argent ni dieu n'existent. C'est bien connu. C'est un fait. Ce sont juste des conventions, "des écritures dans les livres".

La preuve essaye de prendre rendez vous avec dieu pour un déjeuner, tu verras. Et puis l'argent, l'oseille, c'est du toc. Je le vois bien au regard du marchand de tabac du Balto de la rue Montmartre quand je lui refile un billet de cinq tout frippé, à son clein d'oeil pour me dire "ne t'inquiète pas, je vais le refiler au premier gogo qui passe, pas de souci".  L'argent et la religion, c'est kiff kiff. D'ailleurs, ils sont en compétition, ils ne s'aiment pas. La preuve. Ils jouent la même partie.

L'un comme l'autre naissent à des degrés divers de l'histoire pour sociabiliser l'état de la morale, formater les rapports de forces, structurer des échanges, valider des oligarchies, mais finalement, une fois passée l'utilité d'organisation sociale, il n'y a plus lieu d'y faire référence. Une sorte de règle transitoire pour pacifier les flux.

Et face à cette foi absolue, inexorable jusqu'à la destruction, avec ses chantres et ses victimes sacrificielles, cette rigueur jusqu'à la mort, cette soumission contrainte, je me suis dis que le "culte" de l'argent était devenu la dernière religion en titre...

Et donc la prochaine à disparaître....



5 sept. 2012

Je suis un destructeur créatif schumpeterien

- C'est quoi ton boulot ?

- Je suis un destructeur créatif schumpeterien.

- QUOIIIII ?

- Oui, je suis un destructeur créatif schumpeterien.

Silence.

- Tu veux dire ? C'est quoi ce truc ?

- Ben voila, Schumpeter, c'est le mec qui a popularisé l'idée que pour développer de nouvelles activités, il fallait détruire les précédentes, et donc, dans le process d'innovation, à un certain moment, il fallait passer par une phase un peu délicate, dite de destruction créative, et disons, c'est mon boulot.

Silence.

- Schum comment ?

- Schumpeter.

- Et tu fais comment ?

- Ben voila, j'arrive. En fait non, j'attends toujours que les gens me le demandent. C'est un peu comme le médecin ou le dentiste, je ne vais pas leur sauter dessus, quand même. Donc j'attends qu'il aient un symptome et qu'ils viennent consulter, que le mec se pointe en me disant j'ai mal au dents ou bien j'ai de dos coincé, ma boite ne marche plus, je n'y comprends rien avec mes clients, trouvez moi quelque chose, et hop, je réponds ça tombe bien, j'ai la réponse à vos problèmes, mais c'est un peu délicat, allongez vous, on va s'occuper de tout ça. Et là tranquille, je commence à tout casser, et on fait une sorte de tambouille créatrice, ne craignez rien, ça va bien se passer, et hop. Magie magie. Hop !

- Tu te fous de moi ?

- Un peu, oui. Mais c'est très sérieux. Même la commission européenne le recommande pour rester dans le cadre du traité de Lisbonne afin de permettre au européens de garder un haut niveau de prestations sociales, créer de la richesse et de l'emploi, de la croissance, etc...

- C'est dingue. La commission... Comme l'euro, tout ça ?

- Comme l'euro, tout ça.

- Je ne te crois pas.

- Mais je te jure !

- Non, mais c'est pas possible. Il n'y a pas une seule personne aujourd'hui dans le monde du business qui croit à la magie. Tu es fou. Il sont bien trop rationnels.

- Tu le crois vraiment ?

- Et pour la tambouille créatrice, tu fais comment ?

- Je ne peux pas te répondre, c'est un secret de fabrication. J'ai juré au chaman africain qui me l'a apprise que je ne le divulguerai pas.

- Schumpete-rien, oui.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Schumpeter

4 sept. 2012

Bon voila, j'ai décidé d'écrire. De donner gracieusement au monde, qui n'en a que faire, la quintescence de ma bile et de mon fiel. De graver l'encre numérique sur l'écran électrique. De crier dans le silence des réseaux.

Vous me direz, c'est pas nouveau le blog, tu as bien une dizaine d'années de retard, 124 140 (*) caractères c'est assez, pourquoi laisser des traces personnelles pour les chasseurs de données ?

La première raison est simple : j'arrête de fumer. Il convient donc de trouver un dérivatif, de canaliser cette pulsion autrefois névrotisée, de transcender un peu ce bout de néant, à mi chemin entre la pierre noire de Champollion et les notes oubliées sur un calepin.

Deuzio : faut que ça cesse ! Ben oui quoi, la mode est à la réalisation personnelle, le mo-a, l'expression, la projection, la sublime identité que l'on se doit de révéler, le machin de comm style ta vie est une expérience, laisse faire en toi la star qui sommeille.

Ensuite, je vieillis. Donc le commencement des petites bassesses pour s'approprier un peu de ce temps qui passe, marquer le territoire avant le grand saut, lutter, faire semblant, tricher, serrer le frein à main avant le départ du toboggan.

De quoi je vais parler ? Vous voulez rire sans doute ? Mais de tout et de rien. Surtout de rien ! On n'est pas des poulets de batteries, et moi à l'école, j'étais le champion du hors sujet. Tiens parlons du hors sujet, tiens. Bon sujet.

Je vais donc parler de ce qui est à coté, autour, décalé...

Je vais parler du temps qu'il fait alors que le monde a pris le parti de s'écrouler en douceur, d'une mèche de cheveux rebelle et belle, du voisin de bistrot, d'un reflet dans la vitre du bus, d'un souvenir oublié, d'un moment, d'un regard.

... Et puis quelques blagues sur la vie numérique quand même. On va se gêner !



Faites gaffe, à partir de maintenant, vous êtes filmés ! Go ? ;-)


(*) : Courtesy of Jean Baptiste.