9 sept. 2012

Dieu, l'argent et Bernard Arnault

J'ai été surpris de trouver dans le clapotement médiatique de la recherche de belgitude par Bernard Arnault que certains y trouvent leur miel et soutiennent mordicus que cela a du sens. Non par solidarité de classe ou de patrimoine, non pour des raisons de principe ou d'intérêt, mais parce qu'ils y trouvaient une logique politique de fond. Partir maintenant, quitter, s'expatrier, devenaient une issue à la crise, une posture, une déclaration au monde, un signe, un destin. Mais par dessus tout, cela devenait un acte de foi parmi nos amis qui se nomment libéraux.

Bof, bof, bof. Pour moi, ça se limite à l'idée de quitter le bateau avant le naufrage avec les bijoux de famille. Rien de plus. Un comportement assez banal quand on en a les moyens et la philosophie.

Très personnellement, tu as du fric, tu te casses, adieu et merci. Je ne vois pas le mal. Par contre, les actifs économiques, les réseaux, les flux commerciaux, l'emploi, il faut y réfléchir à deux fois. Cela impacte la vie des gens, comme dirait l'autre. Ce n'est pas neutre.

Donc, je vagabondais dans ma tête à tourner le pour et le contre et soudainement, sans prévenir, il m'est venu l'idée que le monde des affaires et de l'argent suscitait des déclarations pour le moins passionnées, à l'emporte pièce, fondamentales, alors que finalement, c'est juste de la comptabilité un peu maline, rien de plus.

Finalement, le petit Bernard quand il a monté ses holdings à étagères dans les années 80, lui permettant de prendre le contrôle avec un faible investissement, en faisant rentrer à tous les étages des amis banquiers pour amplifier la donne, le petit Bernard, alors qu'il démarchait les vieilles familles françaises dénaturées, pour les inciter à s'agglomérer dans une capitalisation verticale du luxe, le petit Bernard n'a fait que de la tuyauterie financière, en tournant les robinets pour transférer peu à peu les flux dans son porte monnaie. Finalement.

De la bidouille. Du "do it yourself", comme ils disent maintenant, les i-grecs.

Donc, ça me turlupinait du chef, cette histoire de pognon qui excite les foules et motive les focussés  du costard Excel et du parfum de chez Fauchon. La grosse thune, l'éclate, le flouze, l'immersion totale dans le chicos, l'orgasme du carnet de chèque, la symbolique brillante de la tocante à cinq milles.

Donc.

C'est vrai, ça les rend dingues, le fric. Et pour d'autres, c'est la manche quotidienne pour de quoi manger.

Et dieu dans tout ça ?

Ben voilà, le déclencheur, bien sur, c'est la phrase inscrite sur les billets de dollars américains. "IN GOD WE TRUST". Je te le dis tout net, je ne vois pas le rapport. Mais alors, pourquoi donc ?

Il m'est donc venu à l'idée que ni l'argent ni dieu n'existent. C'est bien connu. C'est un fait. Ce sont juste des conventions, "des écritures dans les livres".

La preuve essaye de prendre rendez vous avec dieu pour un déjeuner, tu verras. Et puis l'argent, l'oseille, c'est du toc. Je le vois bien au regard du marchand de tabac du Balto de la rue Montmartre quand je lui refile un billet de cinq tout frippé, à son clein d'oeil pour me dire "ne t'inquiète pas, je vais le refiler au premier gogo qui passe, pas de souci".  L'argent et la religion, c'est kiff kiff. D'ailleurs, ils sont en compétition, ils ne s'aiment pas. La preuve. Ils jouent la même partie.

L'un comme l'autre naissent à des degrés divers de l'histoire pour sociabiliser l'état de la morale, formater les rapports de forces, structurer des échanges, valider des oligarchies, mais finalement, une fois passée l'utilité d'organisation sociale, il n'y a plus lieu d'y faire référence. Une sorte de règle transitoire pour pacifier les flux.

Et face à cette foi absolue, inexorable jusqu'à la destruction, avec ses chantres et ses victimes sacrificielles, cette rigueur jusqu'à la mort, cette soumission contrainte, je me suis dis que le "culte" de l'argent était devenu la dernière religion en titre...

Et donc la prochaine à disparaître....



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire